L'inflation en Afrique et dans les IFD

Par

PETER DANIEL ONIMISI (Doctorat.)

Du nord de Casablanca, au Maroc, à Nairobi, au Kenya, à Lagos, au Nigeria, et au sud de Johannesburg, en Afrique du Sud, le phénomène commun de l'économie à la fin de l'année 2022 et au début de l'année 2023 est l'"inflation". L'inflation est le taux auquel les prix augmentent au cours d'une période donnée. L'inflation est généralement une mesure générale, telle que l'augmentation globale des prix ou l'augmentation du coût de la vie dans un pays.

La hausse actuelle de l'inflation est le résultat de la flambée des prix du pétrole brut, qui s'est produite au milieu du conflit entre la Russie et l'Ukraine, et de l'augmentation du coût de l'énergie dans le monde entier, qui s'est traduite par une tendance à la hausse significative dans la plupart des économies, les prix des biens et des services ayant atteint des niveaux sans précédent.

Le Fonds monétaire international (FMI) a également prévu que la pression inflationniste actuelle se poursuivra en 2023, suscitant de nouvelles inquiétudes quant à une récession économique mondiale qui en résulterait. Dans le même ordre d'idées, le FMI a augmenté les projections d'inflation pour les économies avancées à 5,7 % et 8,7 % pour les marchés émergents et les économies en développement respectivement.

Bien qu'il y ait de grandes différences entre les pays, le taux d'inflation médian dans la région a augmenté pour atteindre près de 9 % en août 2022. Au Ghana et au Nigeria, l'inflation a atteint respectivement 40,4 % et 21,63 % ; en Afrique du Sud et au Zimbabwe, le taux d'inflation a grimpé respectivement à 7,6 % et 255 %. D'autres pays ont également connu une hausse de l'inflation, notamment le Rwanda (16,1 %), l'Égypte (13,2 %), le Botswana (12,7 %) et le Kenya (7,9 %). L'inflation, aussi légère soit-elle, a un effet significatif sur l'économie de l'Afrique. Une inflation élevée entraîne un retard dans la croissance économique à long terme et des distorsions dans la stabilité macroéconomique. Dans les IFD, en particulier, l'inflation a un effet négatif sur l'accumulation de capital et l'investissement et détériore la répartition des revenus. Un taux d'inflation élevé nuit à la croissance économique en réduisant le développement financier, notamment en nuisant au fonctionnement des marchés financiers. Des taux d'inflation plus élevés entraînent des taux d'intérêt plus élevés et des taux de rendement réels réduits sur les actifs bancaires, ce qui réduit l'intermédiation financière. Compte tenu de ces effets négatifs, l'inflation, si une politique adéquate n'est pas mise en place pour la réduire, poussera certaines IFD à des conditions de prêt presque négatives et à des performances commerciales générales médiocres.

Selon M. Cyril Okoye, secrétaire général de l'AIAFD, la tendance inflationniste actuelle nuira aux IFD en Afrique, car elle aura un impact sur leurs coûts opérationnels, qui augmenteront. En outre, elle affectera la valeur des fonds que les IFD prêtent aux entreprises au moment de leur remboursement. La plupart des IFD nationales africaines pourraient réduire leurs prêts aux MPME, ce qui aurait un impact sur la reprise de leurs économies. En outre, le coût des fonds sera plus élevé et les entreprises auront des difficultés à accéder à des financements complémentaires pour soutenir leurs activités. Pour aller de l'avant, les IFD devraient fixer le prix de leurs nouveaux prêts de manière appropriée, compte tenu de la tendance inflationniste actuelle et en fonction de leurs sources de financement. Les IFD devront examiner leurs coûts d'exploitation et réduire leurs dépenses si nécessaire pour rester viables.

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