Le programme d'action d'Addis-Abeba (AAAA) des Nations unies sur le financement du développement se trouve à un tournant décisif. Il n'était pas sur la bonne voie avant que la pandémie de Covid-19 ne frappe et il y a maintenant un risque très réel qu'il s'écarte encore plus de la bonne voie si des mesures correctives audacieuses ne sont pas prises. Le Covid-19 a contribué à accroître considérablement les besoins en matière de développement, mais le financement du développement est soumis à une pression extrême et risque de décliner. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que le déficit de financement des objectifs de développement durable (ODD) pourrait passer de 2 500 à 4 200 milliards de dollars, avec une réduction de 700 milliards de dollars par an des flux de capitaux privés vers les pays éligibles à l'aide publique au développement (APD) (OCDE, 2020d).
Alors que les décideurs politiques s'attachent à "reconstruire en mieux" et à mobiliser les ressources publiques et privées nécessaires, il convient de bien comprendre pourquoi les progrès ont été si faibles au cours des cinq dernières années, et d'évaluer clairement ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné.
Afin de contribuer à une nouvelle réflexion, ce rapport se concentre sur la mobilisation des investissements privés par les institutions financières de développement (IFD) et sur les opérations du secteur privé des banques multilatérales de développement (BMD). L'investissement privé et un secteur privé robuste sont des moteurs fondamentaux de la croissance économique et de la création d'emplois, qui sont des ingrédients clés pour contribuer à la lutte contre la pauvreté. Les IFD et les BMD, dont le mandat principal est de promouvoir la croissance économique par l'investissement, se sont vu confier un rôle clé dans le soutien de cet agenda.
Le rapport vise à informer et à ancrer la discussion en fournissant l'analyse la plus récente des investissements des IFD et des BMD et des financements privés que ces investissements ont mobilisés dans les pays en développement depuis 2013. Il examine en détail les portefeuilles d'investissement de 12 IFD et BMD qui, ensemble, ont mobilisé plus de 70 % des financements privés déclarés à l'OCDE pour la période 2017-2018. Il réfléchit à quatre questions cruciales : la réponse à la crise de la Covid-19 ; la relation entre l'APD et les investissements des IFD/BMD ; les investissements des IFD et des BMD dans les pays à faible revenu ; et la nécessité d'une plus grande transparence de la part des IFD et des BMD.