Pourquoi un fonds mondial est nécessaire pour réduire le risque de change pour les pays en développement

Les fluctuations sauvages des taux de change augmentent la fragilité économique et déclenchent souvent une crise de la dette

L’écrivain est directeur général de la Institut nordique pour la finance, la technologie et la durabilité

Le risque de change est le talon d’Achille des économies en développement qui empruntent pour investir afin d’augmenter la productivité, de réduire les émissions et d’atteindre les objectifs de développement durable. 

Sur 90 pour cent de la dette transfrontalière pour les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur ,près de 2 milliards de dollars, est libellée en devises fortes, principalement en dollars, provenant en grande partie de banques de développement et d’autres prêteurs officiels.

Mais cela expose les populations vulnérables à des fluctuations parfois sauvages des taux de change qui accroissent la fragilité économique et déclenchent souvent une crise de la dette. Neuf devises des économies en développement ont chuté de plus d’un quart et de 21 autres de plus d’un dixième en 2020 lorsque Covid-19 a frappé.

Il s’agit d’un échec à la fois des marchés et de la politique qui impose le risque de change aux moins équipés pour le supporter. Seul20 économies en développement peuvent régulièrement emprunter auprès d’investisseurs internationaux dans leur propre devise. 

Pour d’autres obligés d’emprunter en dollars, même la couverture du risque de change n’est pas une option. Le marché des changes a un énorme chiffre d’affaires quotidien de 6,6 milliards de dollars, principalement dans les devises du G10, avec 100 économies en développement représentant moins de 0,2%. Les marchés des swaps, produits dérivés qui constituent un pilier de la couverture de change, n’existent guère en dehors des grandes économies émergentes.

Compte tenu de leurs besoins d’investissement importants et de leur épargne intérieure limitée, les emprunts extérieurs des pays à revenu faible et intermédiaire inférieur devront atteindre 4 à 6 milliards de dollars d’ici 2030 s’ils veulent s’aligner sur l’Accord de Paris sur le changement climatique et atteindre son développement durable. buts. 

Ce financement ne se matérialisera pas sans que les marchés et les décideurs politiques ne se mobilisent pour atténuer le risque de change à grande échelle. Une nouvelle institution multilatérale qui crée des marchés bidirectionnels de devises, en particulier pour des durées plus longues pour lesquelles aucun marché privé n’existe, est nécessaire pour réduire le risque de change de moitié d’ici 2030.

Cette Fonds monétaire international s’appuierait sur l’expertise de TCX, une initiative réussie financée par des donateurs qui évalue et offre une couverture du risque de change des pays en développement. Ses modèles de tarification et de gestion des risques ont été testés avec succès lors de fluctuations brutales des marchés des devises lors de la crise de l’euro et de la crise de Covid.

Cependant, TCX n’a qu’une capacité de couverture d’environ 5 milliards de dollars, sur une base de capital modeste de 1 milliard de dollars. Seul un ICF multilatéral, avec une large adhésion et une large base de capital, peut réduire le risque de change de manière significative.

L’ICF créerait des marchés en trouvant et en agissant en tant que contrepartie pour les investisseurs, les emprunteurs, les donateurs, les entreprises et les expéditeurs de devises étrangères avec des risques de change compensatoires.

L’imprimatur multilatéral et le traitement en tant que créancier préférentiel réduiraient les garanties requises pour les transactions et lui permettraient d’offrir davantage de produits qui aident au développement du marché local, augmentent la liquidité et attirent les investisseurs privés vers le risque de change en tant que classe d’actifs. Ceci, associé à davantage d’opportunités de compenser les risques, augmenterait l’efficacité du capital, permettant à ICF d’offrir 10 $ de capacité de couverture pour chaque 1 $ de capital, soit le double de celle de TCX.

L’ICF devrait être lancé avec une capacité de porter un minimum de 250 milliards de dollars d’expositions brutes aux devises pour démontrer le sérieux de ses intentions, attirer des capitaux à risque privés et commencer à réduire le risque de change. 

Pour cela, il faudrait un capital d’environ 25 milliards de dollars, dont seulement 5 milliards devraient être payés d’avance. Le solde peut prendre la forme d’un capital exigible, un engagement à payer, si besoin, également utilisé par la Banque mondiale.

Ce petit montant couvrira l’une des plus grandes sources de risque de financement pour les économies en développement et débloquera des investissements productifs supplémentaires de centaines de milliards de dollars. Les marchés à terme de devises activés par l’ICF seraient plus réactifs aux changements de politique, de politique et de conditions de marché, fournissant un meilleur retour d’information que les marchés obligataires basés sur le dollar. 

Les emprunts en dollars sont attrayants car ils portent moins d’intérêts, mais s’avèrent généralement plus chers à long terme si les monnaies locales s’affaiblissent. En évaluant de manière transparente le risque de change caché, l’ICF améliorera les incitations pour les emprunteurs et les prêteurs à passer aux devises locales et à adopter des politiques macroéconomiques plus strictes, réduisant ainsi la fragilité des économies en développement. En retour, cela permettrait aux donateurs d’économiser une partie de l’argent qu’ils perdent actuellement en dépréciations fréquentes de la dette. Il y a peu d’utilisations plus efficaces et urgentes des rares fonds des donateurs qu’un CCI. Il est temps d’agir.

Harald Hirschhofer, membre de NIFTYS, a également contribué à cette pièce

Source: https://www.ft.com/content/2b570cac-a6f7-4908-b68e-47ad0803486c?segmentId=6bf9295a-189d-71c6-18fb-d469f27d3523

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