Abidjan, le 28 octobre 2021 – L’Association des institutions africaines de financement du développement (AIAFD), en partenariat avec l’Initiative pour favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique ( AFAWA), a organisé un webinaire sur « l’intégration de l’égalité entre les sexes dans le financement du développement » le 28 octobre 2021. Plus de 70 cadres supérieurs, chefs d’unités, dirigeants, et décideurs d’institutions de financement du développement (IFD) à travers l’Afrique se sont réunis pour discuter du dossier de décision en faveur de l’investissement tenant compte de l’égalité entre les sexes, présenter les institutions financières qui ont développé des programmes pour les PME dirigées par des femmes, et étudier les opportunités potentielles de travailler avec les IFD pour accroître leurs activités en faveur des entreprises féminines.
Le webinaire a été déclaré ouvert par monsieur Thabo Thamane, président de l’AIAFD et directeur général de Citizen Entrepreneurial Development Agency (CEDA), au Botswana, et monsieur Lamin Drammeh, directeur de la division du développement du commerce au Département du développement du secteur financier de la Banque africaine de développement (BAD) ; tandis que monsieur Basil Jones, coordinateur de programme et politique du genre à la Banque africaine de développement, a formulé les remarques de clôture de la rencontre.
Monsieur Thabo Thamane a reconnu la nécessité du webinaire et convenu que les femmes devraient avoir plus de voix dans les opérations de financement du développement et dans toute la chaîne de valeur du financement et de l’emploi, comparativement à la situation actuelle. Il a appelé les IFD nationales à promouvoir les programmes en faveur de l’égalité entre les sexes, en évoquant le succès de son institution, CEDA, qui a 57% de son portefeuille d’entreprises détenus par des femmes. En outre, il a affirmé que les entreprises détenues par des femmes étaient plus solvables que celles détenues par des hommes. Pour terminer, il a indiqué que la main-d’œuvre de son institution est constituée à 56 % de femmes, dont 41 % font partie de la haute direction et 50 % du comité exécutif.
Monsieur Lamin Drammeh a réitéré que la Banque africaine de développement reconnaît que les femmes sont l’épine dorsale des économies africaines. Cependant, il a été largement reconnu que le fait d’investir dans les femmes représente l’une des plus grandes opportunités pour poursuivre le programme de croissance économique inclusive de l’Afrique. Toutefois, les femmes sont confrontées aux plus grandes difficultés d’accès au financement, représentant un déficit estimé à 42 milliards de dollars. La Banque estime qu’appuyer les entrepreneuses par une assistance technique, des programmes de renforcement des capacités, ainsi que des investissements privés sont des mesures cruciales pour favoriser une croissance économique inclusive en Afrique. C’est pourquoi AFAWA a été conçue comme une solution pour combler le déficit de financement des PME dirigées par des femmes sur le continent, tout en renforçant leur capacité, ainsi que celle des institutions financières, à accorder des prêts rentablement et durablement.
Monsieur Basil Jones, dans son discours de clôture, a déclaré que le webinaire a clairement montré que combler le déficit de financement des entrepreneuses en Afrique est non seulement essentiel pour l’autonomisation économique des femmes, mais aussi pour l’ensemble de l’économie africaine. Il a fait savoir que la Banque est toujours disposée à appuyer des approches pragmatiques rentables et répondent durablement aux besoins financiers des femmes par le biais d’AFAWA.
Un aperçu du statut des femmes en Afrique et des meilleures pratiques des institutions de développement et d’autres institutions a été présenté par Tascha Terblanche, directrice de Genesis Analytics, sur la base d’une étude de référence sur le statut des entrepreneuses et leur accès au financement en Afrique. Le rapport a montré qu’en matière d’accès au financement pour gérer et développer leurs entreprises, les femmes étaient plus susceptibles d’épargner pour elles-mêmes que de demander un financement aux banques. Cela s’explique en partie par des conditions de prêt défavorables avec des taux d’intérêt élevés et des périodes de remboursement courtes, une faible perception de leur propre solvabilité, une faible culture financière, une aversion au risque, et un facteur culturel. En outre, l’étude a montré que les banques ne sont pas disposées à prêter aux PME dirigées par des femmes, car elles les perçoivent comme des clients plus à risque et plus coûteux à servir.
La deuxième partie du webinaire a mis l’accent sur la théorie du changement d’AFAWA, qui se concentre sur les solutions d’AFAWA pour combler le déficit de financement entre les sexes. Madame Marieme Ester Dassanou, directrice d’AFAWA, a souligné qu’AFAWA visait à débloquer 5 milliards de dollars de financement pour les femmes d’ici à 2026 par le biais de deux canaux : Le programme Guarantee for Growth d’AFAWA, et l’utilisation des instruments financiers traditionnels de la Banque. Pour atteindre cet objectif, AFAWA s’appuie sur trois piliers :
- Pilier 1 : AFAWA Access to Finance, un programme par lequel AFAWA développe des mécanismes financiers innovants pour augmenter les prêts aux entreprises détenues par des femmes. Cela permet de combler l’écart entre les sexes et de tirer profit des instruments financiers traditionnels de la Banque africaine de développement.
- Pilier 2 : AFAWA Technical Assistance, un programme par lequel AFAWAfournit des services consultatifs aux institutions financières afin d’améliorer leur compréhension du marché des entreprises dirigées par des femmes et de développer des services financiers et non financiers adaptés pour mieux répondre à leurs besoins. AFAWA renforce également les capacités des entrepreneuses à travers des formations visant à stimuler la productivité et la croissance des entreprises.
- Pilier 3 : AFAWA Enabling environment, un programme par lequel AFAWA s’engage auprès des gouvernements africains, des communautés économiques régionales, et d’autres parties prenantes clés pour appuyer les réformes juridiques, politiques, et réglementaires. L’objectif est d’éliminer les obstacles structurels qui empêchent l’accès et la croissance des PME dirigées par des femmes.
L’AIAFD espère maintenir son engagement auprès d’AFAWA pour s’assurer que ses IFD membres profitent de ce programme phare en vue de renforcer leurs interventions en faveur de l’égalité entre les sexes.
L’Association des institutions africaines de financement du développement (AIAFD) est une organisation faîtière des institutions de financement du développement en Afrique, créée sous les auspices de la Banque africaine de développement en 1975. Les objectifs de l’Association sont de stimuler la coopération pour la promotion et le financement du développement durable en Afrique et d’encourager le processus d’intégration économique en Afrique. L’AIAFD compte plus de 80 IFD membres à travers le continent.
L’Initiative pour favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique (AFAWA) est une initiative panafricaine dont l’objectif est de combler le déficit de financement de 42 milliards de dollars auquel les entrepreneuses sont confrontées en Afrique. Grâce au programme Guarantee for Growth d’AFAWA, la Banque africaine de développement vise à débloquer jusqu’à 3 milliards de dollars de financement pour les petites et moyennes entreprises détenues par des femmes, en réduisant les risques et en renforçant l’intérêt des institutions financières pour les prêts aux femmes.